Les gagnants 2022
Retrouvez ci-dessous les lauréats du Prix Irénée 2022
Enquêtes
IFMK ENKRE
Directeur de mémoire : M. Romain ARTICO
La prévention des chutes chez le sujet âgé : L’intérêt de l’ajout d’un programme d’étirement de la cheville sur l’équilibre dans l’atelier de prévention des chutes.
2500 €
Résumé & Objectif : Avec le vieillissement de la population française, la chute est devenue un enjeu majeur de
santé. Le déficit d’amplitude en flexion dorsale de cheville est un des facteurs de risque et les meilleures
interventions de prévention sont des ateliers multimodaux comme ceux de la PRIF. Cet essai clinique a pour but
d’évaluer l’intérêt de l’ajout d’un protocole d’étirement de cheville à ces ateliers sur l’équilibre des personnes
âgées.
Méthode : 24 participants scindés en un groupe contrôle (A) et un groupe intervention d’étirement de
cheville (B) ont été évalués sur leur équilibre (Timed Up And go, Fonctional Reach Test, One leg balance,
Sharpened Romberg) et amplitude de cheville (Weight Bearing Lunge Test, Goniométrie) avant et après 12
semaines d’atelier PIED © associé à un protocole spécifique à domicile.
Résultats : Il n’est pas ressorti de différences significatives entre les 2 groupes concernant l’équilibre dynamique (TUG), étant le critère de jugement principal, et statique unipodal (OLB). Concernant l’équilibre fonctionnel (FRT), exigeant
sensoriellement (SR-YF) et l’amplitude de cheville (WBLT et Goniométrie), une amélioration significativement
différente est présente en faveur du groupe intervention. Néanmoins, les 2 groupes montrent une amélioration
significative à tous les tests après les 12 semaines.
Conclusion : L’ajout d’un protocole d’étirement en dorsiflexion de cheville à des ateliers de prévention des chutes PIED © ne permet pas d’améliorer significativement les gains d’équilibre causés par l’atelier. Cependant, cela permet de potentialiser les améliorations de certaines caractéristiques comme l’équilibre fonctionnel et exigeant sensoriellement ainsi que la
dorsiflexion de cheville.

Introduction : Le syndrome du canal carpien (SCC) représente la neuropathie compressive des membres supérieurs la plus courante. Son mécanisme, son étiologie et son diagnostic sont encore imprécisés alors qu’il représente un problème de santé publique par l’impact mental et social qu’il entraine. Son traitement repose essentiellement sur le traitement conservateur ou sur la chirurgie, beaucoup trop utilisée en France et engendrant des coûts considérables. La kinésithérapie est exclue de la prise en charge aujourd’hui.
Objectif : Le but de cette revue est d’identifier l’efficacité de la masso-kinésithérapie dans la prise en charge du SCC idiopathique en comparaison avec le traitement chirurgical.
Méthode : Une recherche bibliographique a été réalisé d’octobre 2021 à mars 2022, sur les bases de données PubMed, Cochrane Library, Physiotherapy Evidence Database (PEDro) et Science Direct. Les mots clés suivants ont été utilisés pour identifier les articles à inclure : « carpal tunnel syndrome », « physical therapy » et « surgery ». Le système PICOS a été utilisé pour définir les critères d’éligibilité. L’analyse de la qualité méthodologique et des risques de biais de chaque étude repose sur les échelles HAS, PEDro et la Cochrane ROB-2.
Résultats : Cinq essais randomisés contrôlés, comparant la kinésithérapie et la chirurgie, ont été inclus. Quatre d’entre elles permettent de constater que la kinésithérapie permet une meilleure amélioration de la douleur, de la sévérité des symptômes, de la fonction et de la force de préhension à moyen terme. Les cinq s’accordent à dire que les résultats sont similaires à long terme et que la kinésithérapie permet de diminuer considérablement la conversion à la chirurgie. Une étude conclut qu’elle améliore la qualité de vie du sujet. Une autre étude montre que les deux traitements n’améliorent pas la mobilité cervicale.
Discussion : La kinésithérapie est au moins tout aussi efficace que la chirurgie sur la douleur, la sévérité des symptômes, la fonction et la force de préhension. Les études mettent en lumière spécifiquement le traitement neurodynamique, pertinent dans le cadre de multicrush syndrome, et donnant de bons résultats. Cependant, le manque de consensus sur le diagnostic et l’hétérogénéité de la population incluse ne permet pas de conclure. Plus d’études sont nécessaires pour évaluer l’intérêt de la kinésithérapie, en intégrant les facteurs psychosociaux non négligeables dans ce syndrome.
Conclusion : La kinésithérapie améliore considérablement la qualité de vie du patient et est moins onéreuse. Elle représente autant de bénéfices pour le patient que pour la société. Il semble utile de reconsidérer la place du kinésithérapeute dans la prise en charge et de recommander ce traitement en première intention.

IFMK CEERRF
Directeur de mémoire : M. Pierre INCHAUSPE
Neurodynamique et neuropathie compressive des racines nerveuses lombo-sacrées.
500 €
Contexte : Les techniques neurodynamiques sont couramment utilisé dans la prise en charge des conditions neuromusculosquelettiques. Les preuves concernant leur efficacité chez les patients présentant une neuropathie compressive symptomatique des racines nerveuses lombo-sacrées sont de qualités modérées.
Objectif : L’objectif de cette revue est de déterminer l’intérêt de l’utilisation de techniques neurodynamiques chez les patients présentant une neuropathie compressive symptomatique des racines nerveuses lombo-sacrées.
Méthode : Une revue systématique avec méta-analyse a été entreprise en suivant la recommandation de rapport PRISMA. Des recherches ont été menées dans les bases de données suivantes : MEDLINE, PEDro, Cochrane Library et ScienceDirect. Les critères de jugements de cette revue sont l’intensité des douleurs et le niveau d’incapacité. Les études présentant un score PEDro supérieur ou égal à 5 et évaluant l’efficacité des techniques neurodynamiques par rapport à d’autres modalités de traitement ont été incluses dans la synthèse finale. Lorsque cela était possible, les données ont été regroupées sous forme de méta-analyses. L’évaluation du niveau de preuve a été réalisée par l’intermédiaire des critères GRADE.
Résultats : Huit études ont été incluses. Deux présentent un risque de biais faible, une présente un risque de biais modéré, et cinq présentent un fort risque de biais. Les techniques neurodynamiques semblent présenter un intérêt dans la diminution de l’intensité des douleurs chez les patients présentant une neuropathie compressive des racines nerveuses lombo-sacrées. L’association de techniques neurodynamiques et d’exercices semble permettre une diminution statistiquement significative de l’intensité des douleurs entre 4 et 6 semaines, par rapport à la réalisation d’exercices seuls (SMD = -0.99 ; IC95% = -1.87, -0.12 ; p = 0.03 ; I2 = 87%). En ce qui concerne le niveau d’incapacité, l’efficacité des techniques neurodynamiques semble plus modérée.
Limites : Les études incluses dans la synthèse présentent une faible taille d’échantillon, ainsi qu’une qualité méthodologique et des risques de biais variables. Ces limites méthodologiques induisent une hétérogénéité statistique importante au sein des résultats. Des limites dans la conception de la revue ont également participé à réduire sa qualité méthodologique. De plus, l’ensemble des niveaux de preuves des résultats rapportés sont soit « Très faible », soit « Faible ».
Conclusion : L’utilisation de techniques neurodynamiques, associées ou non à d’autres modalités de traitement, semblent être efficace afin de diminuer l’intensité des douleurs chez les patients présentant une neuropathie compressive symptomatique des racines nerveuses lombo-sacrées. Ces résultats sont néanmoins à prendre avec précautions.

IFMK EFOM
Directrice de mémoire : Mme Anne-Florence PLANTE
Place de la prise en charge masso-kinésithérapique en pelvi-périnéologie chez les femmes atteintes de dyspareunie.
500 €
Introduction : Les dyspareunies chez la femme constituent encore aujourd’hui un sujet tabou et peu abordé. Ces douleurs sexuelles entrainent de multiples répercussions négatives sur la qualité de vie de la femme, sur sa sexualité et celle de son partenaire, aboutissant à un évitement des rapports sexuels, voire même à une inactivité sexuelle. De plus, de nombreuses femmes se retrouvent en errance thérapeutique et ignorent que leurs dyspareunies pourraient être prises en charge par un masseur-kinésithérapeute spécialisé en pelvi-périnéologie. L’objectif de cette revue est d’évaluer l’efficacité des prises en charge masso-kinésithérapiques chez les femmes atteintes de dyspareunies, sur la douleur, la fonction sexuelle, le plancher pelvien et la qualité de vie.
Méthodologie : Les bases de données PubMed, PEDro et Science Direct ont été consultées d’octobre à janvier 2022, afin de rechercher les études publiées entre 1995 et 2022. La méthode PICOS a été employée pour définir les critères d’éligibilité. La qualité méthodologique des études a été évaluée au moyen des échelles PEDro et OCEBM.
Résultats : La recherche a identifié 733 articles, treize d’entre eux ont rempli les critères d’éligibilité. De multiples modalités d’intervention masso-kinésithérapique ont été décrites par sous-type de populations atteintes de dyspareunies : éducation thérapeutique, exercices des muscles du plancher pelvien, thérapie manuelle, biofeedback, électrostimulation, dispositifs vaginaux, exercices à domicile. Les études sont unanimes et montrent pour la plupart une amélioration significative de la douleur, de la fonction sexuelle, de la qualité du plancher pelvien et de la qualité de vie.
Discussion et Conclusion : Il semble apparaître que la prise en charge multimodale masso-kinésithérapique soit la plus recommandée en première intention thérapeutique pour les femmes atteintes de dyspareunies, quelle qu’en soit l’étiologie. De plus, la prise en charge pluridisciplinaire (selon l’étiologie de la dyspareunie) et la participation du conjoint semblent renforcer ces améliorations et contribuer à la reprise des rapports sexuels avec une meilleure qualité de vie. Néanmoins, des études de plus grandes cohortes seraient souhaitables afin de déterminer si ces améliorations se maintiennent à long terme, plusieurs années à distance de l’intervention masso-kinésithérapique, et notamment chez les survivantes d’un cancer.
